Qui sommes-nous, empêchés dans un corps d’oiseau sans possibilité d’envol ? Avec cette nouvelle création, le chorégraphe Yvann Alexandre imagine un lointain Lac des « signes », un territoire d’ambiguïtés qui convoque les notions d’enfermement et d’affranchissement. Dans une atmosphère claire-obscure peuplée de sons évoquant la densité d’une forêt Amazone, des corps se laissent traverser d’états-fleuves. Comme emportés par le courant, chacun des interprètes vient défendre la vision d’une œuvre de résistance et de résilience. C’est le désir urgent de peau qui fait loi, l’arbalète qui traverse et sidère. Et l’écho d’un Lac dans la chair.
Documentaire
Tout au long de la création Se méfier des eaux qui dorment, la compagnie yvann alexandre a invité le vidéaste-plasticien Tom Toulemonde à poser son regard sur la création. Plongez dans ce film documentaire et découvrez les différentes étapes de travail. Du studio à la scène, du travail du mouvement à la lumière en passant par la création sonore et les costumes, ce film offre au spectateur une incursion pleine et entière dans le processus de création du chorégraphe. A travers la parole d’Yvann Alexandre et de toute l’équipe, Sous les flots donne à voir le vécu et l’interprétation de chacun dans une aventure artistique inédite.
Notes d’intention
Qui sommes-nous empêchés dans un corps d’oiseau sans possibilité d’envol ?
Qu’est-ce qui fait signes ?
Peut-être est-ce le reflet qui nous incite à plonger ou au contraire à nous éloigner des rives. Ou encore nos luttes, celles pour sauvegarder nos territoires collectifs et nos espaces intimes. Même si dans les rêves, c’est l’amour qui fait loi.
Qu’est-ce qui fait Cygnes ?
Ballet dépourvu de livret incontestable au sens d’incontesté, c’est l’essence du Lac des Cygnes et son territoire d’ambiguïtés qui sont ici convoqués. Un Lac qui s’affranchit en un fleuve, aux eaux noires et blanches qui ne se rencontrent pas. Qui se transforme en un corps Amazone, un lac aux bassins multiples, organique et aride à la fois où chaque interprète est signe. Plus que par l’air, les corps sont traversés d’états-fleuve qui les hissent à la crête des vagues puis les submergent en un battement d’aile. Ici, c’est le désir urgent de peau qui fait loi, l’arbalète qui traverse et sidère. Et l’écho d’un Lac dans la chair.
Puisque l’oeuvre symphonique puissante et mélodique de Tchaïkovski est une oeuvre à trou, aux partitions réajustées, complétées, inversées, l’aire de jeu est propice à inventer un dialogue entre la musique du Lac et la création du compositeur Jérémie Morizeau, toutes deux confrontées au matériau sonore brut des collections du MEG.
J’ai toujours considéré que c’est dans l’abstraction que se révèlent les paradoxes de l’individu et c’est, là encore, la faille qui est convoquée. La distribution est un corps de la diversité de 8 interprètes femmes / hommes aux différences d’âges, de parcours, techniques, qui porte cette vision très personnelle du Lac. Chaque corps est signe, et plus que par l’air, il est traversé de ces états fleuve.
Se méfier de l’eau qui dort, se méfier des signes.
Yvann Alexandre









Crédits et mentions
Conception et chorégraphie Yvann Alexandre Interprètes Lucile Cartreau, Alexis Hedouin, Louis Nam Le Van Ho, Théo Marion-Wuillemin, Félix Maurin, Lucas Réal, Denis Terrasse et Marie Viennot Création lumières Olivier Blouin Régisseur lumière en tournée Jérémie Guilmineau Création musicale Jérémie Morizeau Création costumes Clémentine Monsaingeon Assistante artistique Claire Pidoux Partitions additionnelles Tchaïkovsky Swan Lake - Pyotr Ilyich – USSR State Academic Symphony Orchestra, direction Evgeny Svetlanov – 2000 Conseillère musicale et orientation anthropologique Madeleine Leclair Collections sonores avec l’aimable courtoisie du Musée d’Ethnographie de Genève (MEG) Conseiller artistique Philippe Verrièle Remerciements Guy Darmet Directrice de production Angélique Bougeard Chargée de production Adèle Bariller Chargée de production en tournée Adèle Bariller
Production association C.R.C. - compagnie yvann alexandre Coproductions Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire, micadanses, Centre Chorégraphique National de Nantes, Scènes de Pays, scène conventionnée d’intérêt national « Art en territoire », ONYX scène conventionnée danse et arts du cirque de Saint-Herblain, THV Saint-Barthélemy-d’Anjou Partenaires Le Théâtre Centre National de la Marionnette de Laval, La Soufflerie, scène conventionnée de Rezé, padLOBA à Angers, Musée d’Ethnographie de Genève Soutiens Ministère de la Culture et de la Communication, DRAC des Pays de la Loire, Conseil régional des Pays de la Loire, Département Maine-et-Loire, Ville de Nantes, Ville d’Angers
Collaboration avec le Musée d’Ethnographie de Genève
Le MEG conserve un fonds d’archives sonores inédites d’Amazonie qui représente environ vingt-cinq heures d’enregistrements réalisés au Brésil (Mato Grosso, Rondônia, Pará) et en Guyane entre 1968 et 1992 par d’anciens collaborateurs du MEG.
Entièrement numérisées, ces archives sont remarquables à plusieurs titres. Tout d’abord, elles ont été recueillies par des ethnologues spécialistes des milieux amazoniens, au terme de longs séjours de recherche de terrain. Ensuite, elles sont accompagnées d’une abondante documentation scientifique concernant les conditions d’existence de ces patrimoines sonores enregistrés. Enfin, la bonne qualité des prises de son, parfois réalisées dans des conditions difficiles, témoigne avec justesse de l’importance de la perception auditive en Amazonie, d’où résulte une grande diversité d’expressions sonores contrastées.
Le rapport qu’un individu entretient avec l’univers qui l’entoure et la manière d’organiser son expérience du monde sont liés à la perception qu’il s’en fait. En Occident, la vue et le toucher sont les sens dominants. En Amazonie, c’est avant tout par l’ouïe, et donc le son, que la mise en relation entre soi et le reste du monde s’établit. Ainsi, selon la perspective amérindienne, le son (la musique, les bruits, etc.) permet aux hommes, aux esprits et aux animaux de communiquer entre eux.
Par ailleurs, le souffle sonore du chamane, personnage jouant un rôle clé dans les sociétés amazoniennes, est un média par excellence pour établir des relations entre le monde des humains et celui des esprits. La présence du souffle, expression de la force vitale, se manifeste par la voix (chants, cris rituels), mais aussi par les instruments à vent qui le canalisent et en transforment la sonorité. Ainsi dans toute l’Amazonie, les instruments à vent sont de loin la catégorie d’objets sonores la plus largement représentée et la plus diversifiée.
Ces données, étudiées par plusieurs générations de chercheurs, ont été au cœur de l’installation immersive Contes sonores intégrée à l’exposition Amazonie. Le chamane et la pensée de la forêt, conçue et présentée par le MEG en 2016, puis présentée à nouveau au Château des Ducs de Bretagne de Nantes du 15 juin 2019 au 19 janvier 2020.
Ces Contes sonores avaient pour objectif de mettre l’accent sur l’importance de la perception auditive en Amazonie. Il s’agit de seize montages intégrant différentes sources sonores, créés sur la base de récits évoquant les liens qu’on peut établir entre des objets présentés en vitrines pendant l’exposition et une certaine vision du cosmos, des réalités de la vie quotidienne (partie de chasse, de pêche, déforestation, etc.) ou des représentations rituelles collectives (initiation, rituel d’imposition des noms, mythes, etc.).
En mai 2020, à l’occasion de la mise en place à Nantes de l’exposition Amazonie. Le chamane et la pensée
de la forêt, une première rencontre fut organisée entre Madeleine Leclair, commissaire scientifique de l’installation des Contes sonore, et le chorégraphe Yvann Alexandre. Du foisonnement des échanges et des discussions captivantes relatives aux univers de la musique et de la danse est née l’idée de poursuivre l’expérience créatrice, en imaginant que les archives sonores d’Amazonie du MEG pourraient servir d’inspiration à Jérémie Morizeau, compositeur de Se méfier des eaux qui dorment.
C’est ainsi que le fonds d’archives d’Amazonie du MEG a été mis à la disposition des créateur-trices de la compagnie Yvann Alexandre. Après une sélection érudite et pertinente de Madeleine Leclair en échos au propos de Se méfier des eaux qui dorment, des heures d’enregistrements ont été confiées au chorégraphe et au compositeur en vue d’une immersion énigmatique, saisissante et profonde.
Pour le MEG, cette initiative fait partie d’un programme initié en 2014 au MEG, dont objectif est d’inviter
des compositeur-trices à explorer les Archives internationales de musique populaire (AIMP) en vue de s’en inspirer pour la création d’une composition originale. Elle s’inscrit également dans la nouvelle orientation stratégique du MEG, dont les principaux enjeux concernent la décolonisation, les processus collaboratifs, la créativité, l’inclusion et la durabilité.
Ces projets de création intégrant des enregistrements de divers patrimoines musicaux transmis oralement sont d’autant plus féconds qu’ils permettent d’étudier et d’approfondir un ensemble de questions touchant à l’actualité des musées de société. Ces questions sont d’ordre éthique (points de vue des personnes concernées par les enregistrements ; statut des musiques dites traditionnelles ; etc.) ; juridique (propriété des enregistrements et rôle de l’institution qui les conserve ; statut des musiques «sans auteurs» ; droits dits «voisins» ; etc.) et philosophique (intention des créateur-trices ; appropriation créative ; statut des performances musicales fixées sur un support d’enregistrement ; etc.). Ces sujets sont discutés dans le cadre d’un projet de recherche qui se déroule au musée, autour des collections, et qui réunit au musée des professionnels du milieu de l’édition discographique, des étudiant-es, des chercheur-euses, des artistes, des musicien-nes et autres personnes ressources concernées par les patrimoines musicaux hérités.
C’est dans ce dialogue entre l’œuvre de Tchaïkovski, la création sonore de Jérémie Morizeau et la pensée de la forêt que naît l’œuvre sonore de Se méfier des eaux qui dorment.
Le MEG (Musée d’ethnographie de Genève) est une institution publique fondée en 1901, dont le premier directeur fut Eugène Pittard, anthropologue genevois (1867-1962). Le Musée a pour mission de conserver des objets illustrant la culture des peuples à travers l’histoire du monde. Il abrite une collection de plus de 70’000 objets et sa bibliothèque offre plus de 60’000 documents sur les cultures du monde.
Le Musée possède une collection unique d’enregistrements musicaux, les Archives internationales de musique populaire (AIMP), qui comporte plus de 20’000 heures de musique et dont la collection rassemblée par le musicologue Constantin Brãiloiu entre 1944 et 1958 en constitue la base avec plus de 3000 enregistrements historiques. L’exposition de référence est gratuite et présente plus d’un millier d’objets issus des cinq continents.
Le MEG offre en plus de sa collection permanente et de ses expositions temporaires, un programme de médiation culturelle et scientifique, des concerts, des cycles de cinéma et de conférences ainsi que des spectacles. Depuis octobre 2014, les richesses du MEG sont mises en valeur dans un nouveau bâtiment conçu par le bureau zurichois Graber & Pulver Architekten sur le site qu’il occupe depuis 1941.
Madeleine Leclair

compagnie yvann alexandre
Créée en 1993, la compagnie yvann alexandre est une compagnie professionnelle de danse contemporaine de la région des Pays de la Loire. Attachée depuis ses débuts aux allers-retours entre professionnels, amateurs et tout public, la compagnie développe ses créations sur scène ou in situ, et tisse une politique d’échanges, de rencontres et de formation.
En 2019, la compagnie a pris la direction artistique du Théâtre Francine Vasse à Nantes avec un projet atypique tourné vers les autres équipes artistiques, et qui démarre par la transmission pour arriver à l’œuvre : Les Laboratoires Vivants. Fidèle aux liens avec le Québec, elle y développe entre autres, Archipel, une plateforme agile de coopération pour les mobilités artistiques.
La saison 2022/2023 signe 30 ANS DE DANSE ! et se déploie autour de la création chorégraphique Infinité, et du film Une Île de danse.
L’association C.R.C. reçoit le soutien de l’État – Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC des Pays de la Loire, du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, du Fonds Franco-québécois pour la Coopération Décentralisée pour le projet ARCHIPEL, du Conseil Régional des Pays de la Loire, de la Région Académique Des Pays de la Loire – Délégation Académique à l’Éducation Artistique et à l’Action Culturelle, du Département de Maine-et-Loire, du Département Loire-Atlantique, de Nantes Métropole, de la Ville de Nantes, de l’ADAMI pour certaines de ses productions, de l’Institut français pour certaines de ses tournées à l’étranger et de l’OFQJ.
Partenaires de la tournée







